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Paris en noir et blanc : Mon voyage photographique avec le Leica M11 Monochrom

  • Photo du rédacteur: Klaus Lintemeier
    Klaus Lintemeier
  • 9 août
  • 10 min de lecture

La ville lumière se montre sous son meilleur jour. J'ai le privilège de la découvrir à travers le viseur d'un appareil photo exceptionnel : le Leica M11 Monochrom. Pendant cinq jours, à la fin du mois de juin 2025, je déambule dans les rues de la capitale française sous la houlette experte d'Alexander von Wiedenbeck, toujours à la recherche du moment parfait, capturé en noir et blanc pur.

La magie du monochrome

Avant de vous parler des lieux que nous avons visités, j'aimerais vous présenter les particularités de cet appareil photo. Le Leica M11 Monochrom n'est pas un appareil photo numérique ordinaire auquel on aurait simplement retiré la couleur. Il est équipé d'un capteur spécial, développé exclusivement pour la photographie en noir et blanc, sans le filtre Bayer habituel qui sépare les différents canaux de couleur dans les capteurs couleur. Le résultat ? Une netteté incomparable, une plage dynamique étendue et une profondeur de détail qui ne cessent d'étonner même les photographes expérimentés. Avec ses 60 mégapixels, il capture les nuances les plus fines. 


Associé à l'APO-Summicron-M 2/35 ASPH, le Monochrom devient un rêve. Cet objectif est une prouesse technique : la correction apochromatique garantit que toutes les longueurs d'onde lumineuses sont focalisées exactement sur le même plan. C'est précisément avec le Monochrom, qui ne contient aucune information chromatique susceptible de masquer le flou, que la qualité exceptionnelle de cet objectif se révèle. La netteté est impressionnante dès l'ouverture maximale f/2, et la distance focale de 35 mm s'avère idéale pour la photographie de rue.

Dramatisme place de la Bastille

Nous commençons place de la Bastille, où la colonne de Juillet surmontée du Génie de la Liberté doré s'élève vers le ciel. Haute de 52 mètres, cette colonne commémore la révolution de juillet 1830. À son sommet, le génie ailé, créé par Auguste Dumont, brandit la torche de la liberté et la chaîne brisée de la tyrannie. Sur la photo monochrome, il perd sa couleur dorée, mais gagne en présence dramatique contre le ciel.


Colonne de Juillet – Le Génie de la Liberté – Place de la Bastille – 4e
Colonne de Juillet – Le Génie de la Liberté – Place de la Bastille – 4e

De la place de la Bastille, il n'y a qu'un pas jusqu'au port de l'Arsenal. La marina offre un contraste surprenant avec la place animée. Les habitants pêchent patiemment sur le quai, tandis qu'à côté, les vieux murs du port sont nettoyés. Les ouvriers utilisent des jets à haute pression, mais ce n'est pas de l'eau : cela ressemble à une poudre nettoyante spéciale. Un ouvrier vêtu d'une combinaison blanche et d'un masque respiratoire disparaît presque dans le nuage de poussière. La scène ressemble à un film de science-fiction, un motif inattendu au milieu du quartier portuaire de Paris.


Port de l’Arsenal – 11 Boulevard de la Bastille – 12e
Port de l’Arsenal – 11 Boulevard de la Bastille – 12e
Des ruelles cachées aux monuments emblématiques

Dans la rue Crémieux, dans le 12e arrondissement, nous assistons à une séance photo de bijoux. Les maisons aux couleurs pastel de cette ruelle tirent leur charme de leur gaieté – pour moi, avec le monochrome, cela devient une expérience passionnante. Les différentes nuances pastel se transforment en un spectre de nuances de gris. Soudain, les détails apparaissent : le crépi rugueux, les fissures dans la maçonnerie, les ombres des volets, le chat et l'oiseau sur le mur de la maison. Le premier grand défi se présente immédiatement : la mise au point manuelle de l'appareil photo à télémètre. Alexander recommande d'anticiper, de faire la mise au point sur un point précis et d'attendre que le sujet se trouve exactement à cet endroit. La théorie semble simple, mais la pratique exige de la patience et un bon timing.


Séance photo pour bijoux – Rue Crémieux – 12e
Séance photo pour bijoux – Rue Crémieux – 12e

À la basilique du Sacré-Cœur, ce n'est pas seulement l'église expiatoire qui nous attend, mais aussi la vie trépidante sur les marches devant celle-ci. Un moment fort inoubliable : le tournage de la vidéo de la chanson « Chez Michel Forever » de Michel Forever est en cours sur les marches – un moment fortuit qui capture parfaitement l'atmosphère animée de ce lieu.


Michel Forever, de son vrai nom Michel Sérié, est une figure emblématique de la vie nocturne parisienne et propriétaire du cabaret « Chez Michel Forever » situé au 69ter rue Damrémont à Montmartre. Son énergie inépuisable en fait un sujet fascinant pour les photographes. Le tournage de son clip vidéo sur les marches du Sacré-Cœur montre une fois de plus à quel point il fait partie de l'ADN culturel de Montmartre.


Chez Michel Forever – Vue de Paris (Rue du Cardinal Dubois) – 18e
Chez Michel Forever – Vue de Paris (Rue du Cardinal Dubois) – 18e

À quelques pas du Sacré-Cœur se trouve une autre particularité de Montmartre : le vignoble du Clos Montmartre. Pour avoir une perspective particulière sur le vignoble, je me rends au musée de Montmartre. Depuis le jardin du musée, on a une vue unique sur les vignes, une perspective que l'on ne trouve qu'ici. Les rangées géométriques de ceps, encadrées par les maisons typiques de Paris, forment un motif graphique en noir et blanc.


Vue sur le vignoble de Montmartre – Musée de Montmartre – 12 Rue Cortot – 18e
Vue sur le vignoble de Montmartre – Musée de Montmartre – 12 Rue Cortot – 18e
Le cimetière caché de Montmartre

Notre visite au Cimetière de Saint-Vincent est un moment particulièrement calme. Caché dans la rue Lucien-Gaulard, ce petit cimetière existe depuis 1831 et n'accueille plus aujourd'hui que des sépultures familiales. Avec ses 900 tombes, c'est le plus petit des trois cimetières de Montmartre.


Depuis 2020, Michou est enterré dans le cimetière – cette figure haute en couleur de la vie nocturne parisienne avec sa veste bleue, ses lunettes surdimensionnées et ses cheveux blond platine, qui a dirigé pendant des décennies son cabaret transformiste au 80, rue des Martyrs. Les fleurs fraîches sur sa tombe montrent qu'il n'est pas oublié. En juillet 2024, « Chez Michou » devra malheureusement fermer ses portes après 68 ans d'activité.

Les vieilles pierres tombales et les arbres noueux, les chemins escarpés qui serpentent à flanc de colline et la vue sur la coupole du Sacré-Cœur créent une atmosphère très particulière. Sur cette photo monochrome, le cimetière semble intemporel, comme s'il avait toujours été là.


De l'autre côté de la rue des Saules se trouve le légendaire Lapin Agile, le cabaret où Pablo Picasso, Vincent van Gogh, Henri de Toulouse-Lautrec, Amedeo Modigliani, Guillaume Apollinaire et Max Jacob faisaient la fête toute la nuit, lorsque Montmartre était le centre de la bohème parisienne pendant la Belle Époque et les années folles. Paul Verlaine y lisait ses poèmes. Maurice Utrillo y échangeait des tableaux contre de l'absinthe. C'est ici que la scène artistique de l'École de Paris a vu le jour.


Square Roland Dorgelès – 25 Rue des Saules – 18e
Square Roland Dorgelès – 25 Rue des Saules – 18e
Les premiers moments réussis en noir et blanc

Le chemin vers la tour Eiffel nous mène à travers Paris. Nous partons du Pont Neuf, où Jacques de Molay, le dernier grand maître des Templiers, a été brûlé un vendredi 13 mars 1314. Depuis, le vendredi 13 est considéré comme un jour malchanceux. Depuis le plus ancien pont encore préservé de la ville, nous traversons Saint-Germain-des-Prés et continuons vers le musée Rodin. Avant cela, je fais une pause dans notre quartier chez Pierre Hermé, au 72 rue Bonaparte, où je déguste la meilleure glace au praliné noisette du monde : la Glace Infiniment Praliné Noisette.


Au Musée Rodin, on comprend pourquoi la sculpture et la photographie en noir et blanc vont si bien ensemble. « Le Baiser » de Rodin se trouve à l'intérieur de l'ancien « Hôtel Biron ». La lumière modèle la surface du marbre, souligne chaque courbe et chaque creux. Le monochrome rend la matière tangible : on voit littéralement à quel point la pierre est lisse, on sent la fraîcheur du marbre. Dans le jardin, près des bronzes, l'appareil photo montre toute sa puissance : la surface rugueuse du bronze coulé, la patine, les irrégularités voulues – tout devient visible dans les nuances de gris. Sans être distrait par la couleur, le regard se concentre sur la forme et la texture. Les sculptures semblent encore plus plastiques en noir et blanc. C'est comme si l'on voyait l'œuvre de Rodin à travers ses yeux – réduite à la lumière, à l'ombre et à la forme.


Le Baiser – Musée Rodin – 77 Rue de Varenne – 7e
Le Baiser – Musée Rodin – 77 Rue de Varenne – 7e

Je fais une longue pause au Café du Musée, au numéro 17 du boulevard des Invalides. Je règle la distance sur l'appareil photo et j'attends. Des adolescents se retrouvent devant le café, des Parisiennes passent avec leurs sacs de courses, quelqu'un se dépêche pour aller à son rendez-vous. Le Leica à mise au point manuelle m'oblige à attendre le bon moment. Les résultats me surprennent : d'une netteté incroyable, authentiques.


À cet instant, je me sens proche des grands photographes de rue : Henri Cartier-Bresson, Elliott Erwitt, Robert Doisneau. Leur patience, leur regard pour saisir l'instant décisif. Je comprends alors que la photographie de rue, c'est attendre. Rester assis pendant des heures à un coin de rue, observer et composer l'image à l'avance. Au Musée Maillol, au 59-61 rue de Grenelle, se tient actuellement l'exposition « Robert Doisneau : Instant Donnes », un signe !


Accueil devant le Café du Musée – 17 boulevard des Invalides
Accueil devant le Café du Musée – 17 boulevard des Invalides

Arrivés à la Tour Eiffel, Alexander nous rappelle notre mission : ne pas photographier les motifs habituels des cartes postales, mais trouver de nouvelles perspectives et photographier les personnes qui visitent et admirent le « Tour de 300 mètres ».


Paris Old Press – Avenue Anatole France – Champ des Mars – 7e
Paris Old Press – Avenue Anatole France – Champ des Mars – 7e
Le M11 Monochrom est un hibou

Avec son architecture baroque et ses jeux de lumière mystiques, l'église Saint-Sulpice offre un tout autre défi. Les fresques de Delacroix dans la chapelle, en particulier, exigent le maximum de l'appareil photo. La lumière est rare, les couleurs des fresques disparaissent dans la pénombre.


C'est là que le M11 Monochrom révèle toute sa puissance : alors que les appareils photo couleur produisent rapidement du bruit et perdent en netteté à des valeurs ISO élevées, le Monochrom reste d'une netteté exceptionnelle, même à 2000 ISO ou plus. Cela s'explique par l'absence de filtre Bayer. Chaque pixel du capteur capte la totalité de la lumière, et non pas seulement un canal de couleur. Résultat : plus de lumière par pixel, moins de bruit, plus de détails. À Saint-Sulpice, je peux photographier sans problème avec une sensibilité ISO de 2000 tout en capturant chaque nuance des fresques de Delacroix. Dans l'obscurité, l'appareil photo voit presque mieux que l'œil humain.

Notre-Dame de Paris – De loin

Arrivés à Notre-Dame, nous nous retrouvons devant des portes closes. Une ordination sacerdotale est en cours. La cathédrale, qui vient de rouvrir après l'incendie de 2019, n'est pas accessible aux visiteurs, la place est évacuée. Les tours seront à nouveau ouvertes au public à l'occasion des Journées européennes du patrimoine, les 20 et 21 septembre. Nous nous rabattons sur la tribune, d'où l'on a une vue impressionnante sur la façade rénovée.

Le M11 Monochrom montre ici toute sa puissance dans les détails architecturaux : les pierres fraîchement nettoyées brillent de mille feux, chaque sculpture ressort en relief. Sans être distrait par les différentes couleurs des pierres, le regard se concentre sur la structure. Les sculptures en filigrane, la rosace, les arcs-boutants : tout se transforme en une étude sur la lumière et la forme en nuances de gris.


Parvis Notre-Dame de Paris – Place Jean-Paul II – 4e
Parvis Notre-Dame de Paris – Place Jean-Paul II – 4e
Un arc-en-ciel sans couleur

Un heureux hasard m'offre un moment fort : comme le métro ne circule pas, je prends un autre itinéraire et descends à la place de la Nation. Une fois arrivé en haut, je n'en crois pas mes yeux : toute la place est remplie de monde et de musique. Je me trouve en plein milieu de la cérémonie de clôture de la Marche des Fiertés, qui se termine ici, place de la Nation, le 28 juin. Le slogan de cette année, « Love is your emergency call », est visible et palpable partout.


Marche des Fiertés – Place de la Nation – 11e
Marche des Fiertés – Place de la Nation – 11e

Quelle chance pour notre tournée Leica : la foule colorée et exubérante offre d'innombrables occasions de prendre des photos. Dès que les gens aperçoivent le Leica, ils veulent tous être pris en photo – l'appareil photo agit comme un aimant. Je prends volontiers les photos jusqu'à ce que la question inévitable se pose : puis-je envoyer les photos directement sur leur téléphone portable, pour Instagram et autres réseaux sociaux ? J'explique que le M11 Monochrom est certes un appareil photo numérique ultramoderne, mais qu'il a délibérément renoncé au WiFi et au Bluetooth. Les réactions sont savoureuses, un mélange d'étonnement et de déception. Un appareil photo sans connexion Internet en 2025 ? Beaucoup ont du mal à le croire !


Marche des Fiertés – Place de la Nation – 11e
Marche des Fiertés – Place de la Nation – 11e
Le Leica Store à Paris : une journée dans la chambre noire numérique

Nous passons une journée entière de notre visite au Leica Store, situé au 26, rue Boissy d'Anglas, dans le 9e arrondissement (Village Royal). Nous y découvrons l'art du développement numérique, l'équivalent moderne de la chambre noire classique.


La photographie noir et blanc à partir de fichiers RAW offre des possibilités incroyables. Contrairement aux photos couleur, où il faut veiller à l'équilibre entre les canaux de couleur, le monochrome se concentre uniquement sur la luminance. Chaque tonalité peut être contrôlée avec précision : les lumières peuvent être atténuées, les ombres éclaircies, sans créer de bruit de couleur. Particulièrement fascinant : il est possible de traiter de manière ciblée certaines zones grises, par exemple renforcer un gris moyen sans influencer les tons plus clairs ou plus foncés.

Paris rayonne également en noir et blanc

Après cinq jours intensifs avec le Leica M11 Monochrom, je peux affirmer que cet appareil photo nous amène à voir différemment. On prête attention à la lumière et aux ombres, aux textures et aux formes, aux contrastes et aux transitions. Alexander von Wiedenbeck nous a non seulement guidés vers les lieux les plus intéressants sur le plan photographique, mais il m'a aussi appris à regarder la ville avec les yeux d'un photographe noir et blanc.


Au total, j'ai pris 1 500 photos. Après un examen minutieux et un traitement minutieux, 58 d'entre elles ont obtenu cinq étoiles, et 24 photos sont vraiment exceptionnelles. Je vous en présente douze dans cet article de blog.

Encore un mot

Paris sans couleur ? Pour certains, cela peut sembler être une perte. Mais vue en monochrome, la ville révèle son élégance intemporelle, sa poésie architecturale et la vie trépidante de ses rues. Ces cinq jours ont changé ma façon de voir.


Merci Paris. Merci Alexander. Merci au Leica M11 Monochrom !



© 2025 Klaus Lintemeier. PARIS MAGIE. Tous droits réservés.


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